«La tente touarègue est déchirée»
Femmes touarègues
Un présent bouleversé, un avenir incertain
«Une indéniable construction symbolique existe, centrée autour de la femme, pilier de la famille, de la tente, de la tribu. La femme est le principe de base, le noyau, l'intérieur, tandis que l'homme qui représente l'extérieur dérive de ce substrat. Les rôles politiques, économiques et sociaux réservés traditionnellement aux mondes masculins et féminins entretiennent une correspondance étroite avec cette vision du monde.
Bien que l'idée persiste que sans femme, c'est-à-dire sans abri, aucune vie ni aucune présence ne sont possibles, la réalité présente érige un rempart incontournable, déniant la pensée et l'organisation touarègue.
Maintenant que les Touaregs ne peuvent plus, comme autrefois, défendre leur honneur par la guerre, maintenant qu'ils ne sont plus maîtres de leur destinée, maintenant qu'ils ont le sentiment d'avoir perdu la face par rapport aux valeurs de leur société et que certains renoncent à porter le voile, à quoi bon assureraient-ils leur continuité dans l'infamie, pourquoi bâtirait-il un abri autour de leur sœur ? »
Comme disait l'un d'eux : «La tente touarègue est déchirée» (Hawad)
Hélène Claudot-Hawad :«Touareg, Portrait en fragment»s
A lire « Avoir de la cendre » Ancrages nomades en territoire touareg Avoir_de_la_cendre__
Il semble que le matriarcat n’existe plus. Cependant, on accorde toujours une grande importance aux cousins issus de la sœur de la mère.
Les comportements changent au niveau de la monogamie, du fait de l’Islam et de l’urbanisation.
L’école et la société s’occupent maintenant de l’éducation des enfants. L’écriture tifinagh a été supplantée par la langue du colonisateur ! Les femmes ont en grande partie perdu leur rôle éducateur. Auparavant, les femmes touarègues n’allaient pas aux champs, ne puisaient pas l’eau, ne coupaient pas le bois. Mais aujourd’hui, certaines femmes le font en raison du manque de moyens et elles n’ont plus le temps d’accomplir leur rôle éducatif. Le travail domestique est la principale source d’oppression de la femme en Afrique subsaharienne.»
Hélène Claudot-Hawad