Le blues du désert : Ensemble Tartit
L’écho d’une tradition millénaire
Ils sont neuf : cinq femmes et quatre hommes. Neuf touareg du Mali pour perpétuer cette tradition millénaire transmise par les «aggouten». Issus de la caste des forgerons et des artisans, ils sont, dans cette société, l’équivalent des griots. Leurs chants poétiques célèbrent l’amour et évoquent l’exil. Ils tissent des récits épiques et chroniquent le quotidien. Il advient qu’au fil de certains vers perce la critique sociale. Cette tradition est également ouverte à l’improvisation.
Les femmes chantent d’une voix acide. Elles jouent de l’imzad, vielle monocorde, autrefois réservée aux femmes nobles, et frappent le tindé, mortier de bois recouvert d’une peau de chèvre, apanage, jadis, des femmes appartenant aux tribus de serviteurs. Seul instrument joué par les hommes, le tehardant est un luth tendu de trois cordes. Accompagnant le poète et le conteur, on le retrouve ailleurs dans la région.
« Un instant de l’atmosphère sereine d’une soirée au désert (…) une musique qui respire sans contrainte, qui semble couler comme le sable, le vent, le temps. » (Libération).
Jacques Erwan 12 Mai 2007
Tartit : le désert et ses chants
Tartit se produira dimanche sur la scène de l'Espace Glenmor. Le groupe qui célèbre les chants du désert et des Touaregs, présentera au public carhaisien son troisième album.
Dans les années 90, lorsque la sécheresse et la famine décimaient les populations du Sahel, engendrant des affrontements sanglants entre nomades et sédentaires, une ONG belge eut l'idée d'aider une communauté touarègue en emmenant ses chanteuses en tournée.
Des réfugiés touaregs
Ainsi est né le groupe Tartit (union en tamachek), composé de Touaregs du Mali, originaires de la région de Tombouctou, à l'époque réfugiés au camp de Bassikounou, en Mauritanie, dans les années 1990 pendant la rébellion touarègue. Le groupe, au départ composé d'une vingtaine de personnes en compte aujourd'hui une dizaine. Tartit a fait connaître en Occident les chants du désert. Par leur chant, leur musique et leur danse, ces artistes cherchent le contact, mettant en avant leur culture. Les chansons appellent à la paix, évoquent l'exil, le dépassement de soi et l'humilité. La musique de Tartit restitue superbement les ambiances de mélancolie rêveuse, puis de guinche extatique, des veillées à ciel ouvert, l'immensité du désert pour tout horizon.
Le rôle des femmes
Aux femmes (assises sur scène), revient le rôle des voix, du tindé (petit tambour fait d'un mortier recouvert d'une peau de chèvre) et des « youh-youh » fusant dans les mélopées nimbées d'une nostalgie en clair-obscur. Aux hommes, celui des cordes de leurs vielles, de leurs luths et de leur guitare électrique. Les hommes sont voilés, les femmes ne le sont pas. Dimanche Tartit présentera son troisième album, intitulé « Abacabok », enregistré à Bamako et dans le nord désertique du Mali par Vincent Kenis, le producteur de la série Congotronics
Le Télégramme le 25 janvier 2008