Le Peuple touareg pleure son héros
Hommages à Mano Dayak
Rhissa Rhossey
CHANT FUNÈBRE POUR MANO DAYAK
Tu n'es plus / Et mes larmes ne tariront plus / Ton sang, ton corps et tes os / Sont à jamais mêlés à ces sables que tu as / Tant aimés. / Es-tu mort au-dessus de CHIRIET aux dunes / dorées / Ou en amont de TAMGAK qui rime avec ta / lutte ? / Sont-ce les terres maternelles de TEMET qui / te retiennent / Qui te réclament pour l' ÉTERNITÉ ? / Le désert est FIDÈLE / Comme tu l'as porté à bout de bras, au / bout du monde / Le TENERE te porte désormais en son sein / Pour toujours ton ÂME aura la clarté de ses / dunes / Et ta MÉMOIRE la grandeur de ses montagnes / Ta mère est en deuil, et tu es le Fils de / toutes les mères / Ton père est en deuil, et tu es le Fils de tous / les pères / Ton frère est en deuil, et tu es le Frère de / TOUS les HOMMES,
GRAND GUIDE
Rhissa Rhossey «Jour et Nuit, Sable et Sang, poèmes sahariens»
Ibrahim Manzo DIALLO
Mano Dayak s’en est allé
Sur notre ciel, les étoiles-reines se sont éteintes / Les rides qui balisaient les secrets du désert se sont effacées / Se sont tus les chants mythiques des caravaniers tirant la longe de la targuité / les campements éventrés et les oueds ronronnent des motopompes, / Regarde ô sœur ces quiètes oasis d’antan parcellées par des barbelés, / Où ne blatère ni l’Amali en rut , ni l’awara demandeur, / Entends ô frère les lugubres chants des choucas qui thésaurisent / Et tu sauras que l’appétit du gain viole l’intimité de nos cœurs endeuillés
L'ÉPITAPHE DE MANO DAYAK
Ici repose le corps de Mano Dayak, / A présent, le sable est sa patrie éternelle. / Mais, éminemment immortelle, son âme voyage la nuit / Avec les lentes caravanes des étoiles / D’éternité pure en éternité pure.
Des grêles gouttelettes de rosées viennent à l’aube / Rafraîchir l’ardeur de ses lèvres. / Les larmes de son peuple aimé / Continuent à hanter, de saison en saison, son esprit.
Les guimbardes des jeunes bergers, / Anges hâlés errant entre terre et ciel, / Rendent plus léger le fardeau de son linceul de silex !
Concassant les joyeux grains de mil, / Faisant danser au vent, Avec une élégance saisissante, le fonio, /Attisant les bûches du foyer, / Les femmes antilopes habillent de soie transparente / Son nom, cher aux hommes et aux dieux !
Alioune Badara Coulibaly