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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps

Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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20 février 2009

Poésie traditionnelle touarègue

 

aquarelle A Tambo

«Contredisant l'étymologie latine du terme français, la «littérature» chez les Touaregs est essentiellement orale. Le mot qui la désigne : éreshu ou érezu, selon les prononciations locales, rejoint dans son acceptation large le sens médiéval de «culture générale», ensemble des connaissances.

Ainsi, les gens de  «littérature» sont personnes de qualités, connaissant et maîtrisant parfaitement les codes de la bonne société, c'est-à-dire de l'aristocratie, basés sur l'honneur guerrier. Composer des vers, s'illustrer dans les joutes poétiques, savoir manier le verbe font partie de l'éducation d'un parfait gentilhomme et représentent autant de manières de manifester et de défendre son honneur, sa prestance et son rang face aux regards rivaux.»

H. Claudot-Hawad :  «Les Touaregs  Portraits en fragments»

Poèmes touareg de l'Aïr

 

1

«La poésie est le fleuron de la culture touarègue. Elle répond à des règles strictes et décline un code moral, l'Assak, dans lequel se mêlent tous les ressorts de la poésie chevaleresque : la bravoure, l'honneur, la franchise, l'amour, la beauté, la nostalgie,  la solitude, le défi.

La poésie se chante ou se récite. Chanté, le poème est inféodé à un instrument de musique, l'anzad. Le chanteur vocalise en imitant le son de l'anzad.»

Publié par APT en collaboration avec l'UNESCO

Illustrations  et Aquarelles  A. Tambo 

kissa

KISSA

En l'honneur du jour, Kissa. En ton honneur, Kissa. / Que je sois mort ou vivant, en l'honneur du jour, Kissa. / Quand les hommes annoncèrent l'arrivée des pillards, / Kissa s'effraya et me refusa un sourire. Elle portait un collier d'argent / Auquel un lâche ne peut prétendre. / Au contraire d'un homme de valeur / Qui entend l'anzad / Batailleur au combat, ne faisant qu'un avec ma lance, / Je me levais d'un pas noble, comme si j'allais à un mariage. / Je contournais la tente par l'est, là où se trouvent mes armes. / J'entrevis un sourire éclatant de blancheur / Et je portais alors des coups fatals. / Je décimais jusqu'au dernier tous les malfaiteurs. / Une mare de sang m'enserrait / le corps bardé de lances comme des  cornes de zébus, / Couvert de blessures comme des traces d'oryx. / Je suis à l'épée ce qu'un bœuf de bât est à la charge, / Ma chemise me protège comme la doublure d'une couverture. / O Dieu, le gardien de la vie.

a dit anki ayanna Emaghi

aquarelle A Tambo 3 jpg

Taylalt

Taylalt, je t'adore comme nul autre ici-bas, / Comme les enfants des forgerons à leur arbre Koraya, / Qui pousse dans les cuvettes à l'est de Zaraya, / Quand ils le coupent en criant dans un grand brouhaha.

Qui traverse cette vie réfléchisse trois fois, / Qu'il comble ses désirs et s'égare trois fois, / La vie, j'y étais et  m'y plaisais autrefois. / J'avais le bien du monde, des troupeaux jusqu'à trois. / Elle n'est plus aujourd'hui que vestige d'antan, / Comme des traces de Kel Gress effacées par le temps.

Que mérite Tassarift, la femme de notre chef ? / Lui construire un baldaquin harnaché de tapis. / Lui choisir le chameau le plus grand du troupeau, / Un mâle bien dressé, à l'allure majestueuse, / Suivi d'une caravane chargée de riz et de miel, / Précédé de chamelles et petits chamelons à la robe tachetée, / Conduit par Jamlalo, le grand géniteur.

Si je parle d'autrefois, c'est que je fus amoureux, / D'un amour si poignant / Qu'un chameau affligé en perd  graisse et bosse. / Que l'âne, touché, divague au hasard de la brousse. / Que le chien, déchiré, hurle à la mort. / Même l'arbre, éprouvé, en perd son feuillage.

aquarelle A Tambo

Fatimata

Je t'implore, ô mon Dieu, mon unique seigneur, / Lui seul peut me tuer ou me laisser en vie. / S'il me garde la vie sauve, je comblerais mes désirs : / Ici-bas, les chamelles, au-delà, le paradis. / Fatimata, inch Allah, jamais tu ne quitteras mon coeur, / Même dans le jihad du Prophète, contre les païens, / Même après ma mort, dans mon corps enterré. / Mais d'abord dans ce monde où je me plais bien, / Respirant les odeurs du litham qui te couvre, / Embaumant l'air ambiant.

Fatimata, l'éguirguir aux fleurs épanouies, / Fatimata, la liane aux fruits succulents, / Fatimata, la coupe précieuse du Prophète. / Jeune femme blanche, sans égal, / Aux bras si fins, dignes d'un mariage / Avec un jeune homme riche de chamelles / Et d'écuelles pleines de lait à la tombée du jour. / Mon coeur n'oubliera jamais son sourire au crépuscule. / Je n'ai qu'un désir : que tu sois à moi / Pour t'offrir des chamelles et leurs nouveaux nés. / Je t'implore, ô mon Dieu, mon unique seigneur.

 

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