Le faiseur d'esclaves
Pour une poignée de Livres Sterling sonnantes comme / l’acoustique du Tendé, / Ma loupe raciste en bandoulière et mon Thuraya / connecté, / J’ai sillonné ma terre natale d’Arzérori à Inatès par des chemins détournés, / Traquant ça et là mes cousins enturbannés / paisibles nomades du Sahel.
Chaînes forgées, carcans et haillons, constituent mon / macabre arsenal… / Ma mise en scène jusque-là parfaite a toujours / convaincu ; / Dîmes de princes fornicateurs, j’ai toujours / empochées… / Pour péchés effacés, mille et un esclaves j’ai / toujours affranchis !
Fermez les yeux et jouez mon jeu / une photo de mes frères enchaînés, un gros plan sur ma sœur amaigrie / Et ma diabolique partition est jouée ! / De méchouis pimentés en bivouac reposant, l’argent du / Blanc sera dilapidé…
Du haut de mon palais d’émeraude et de ciment blanc, / j’ai oublié mon pays… / Je ris du rire métallique du renégat requinqué en / sirotant le thé de la traîtrise achevée. / Pourvu que le cycle recommence et que mes frères / restent aveugles, / Ma féline intuition me portera bonheur dans le dol et / l’arnaque…