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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps

Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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16 février 2014

Contes et légendes touaregs du Niger

 

Contes touareg du Massif de l'Aïr  

Laurence Rivaillé

contes_et_legendes_touareg_niger

Timia : La femme et son protégé

Au cours de l'histoire, l'Aïr n'a pas toujours été une région pacifique et, pour survivre, il fallait être puissant. Dans ce souci, les pratiques de l'animisme étaient très courantes, et elles eurent des adeptes jusqu'à un passé très récent, même si l'islam a fait  parallèlement des progrès importants.    

Dans un grand village, situé au flanc d'une montagne, vivait une femme d'une beauté exceptionnelle ; elle avait pris de l'âge, sans accepter jamais  d'épouser ses nombreux prétendants, et s'était fait construire une maison à l'écart du village.    

Dans l'intimité de son logement bien clos, loin de tous les regards, elle s'adonnait à des pratiques    mystérieuses. Personne n'avait le droit d'y pénétrer,  au point qu'elle recevait toujours ses visiteurs dans une autre case.    
Très vite, elle était devenue la plus riche des habitants du village : elle détenait les plus beaux bijoux, en métaux précieux, et avait de l'argent à ne plus savoir qu'en faire. Son bétail était le plus beau de la région, et elle faisait venir toutes ses étoffes de pays lointains. Elle utilisait des parfums inconnus.

Les gens comprirent vite qu'elle avait un protégé invisible, qui lui procurait toutes ces richesses.     

Un jour, une jeune fille attirée par la  convoitise vint essayer de lui dérober quelques bijoux ; avec mille précautions, elle ouvrit la porte de la case interdite et là, devant elle, vit un très bel homme allongé sur le dos.    

L'inconnu sursauta de surprise et se  transforma  instantanément en dodo. Dans un sifflement    impressionnant, il s'enfuit alors dans la montagne.    

De retour chez elle, la femme, découvrant ce qui  c'était passé, succomba sous le coup d'une terrible    colère.    
De nos jours, disent les habitants de  Timia,  on peut encore entendre, certaines nuits de pleine lune, des sifflements  mélancoliques, et les gens  sont convaincus qu'il s'agit bien du dodo inconsolable, qui pleure la mort de sa bien-aimée.    

dodo : être de légende, qui a le pouvoir de se transformer en dragon ou en homme

Iférouane : Les disparus d'Abaghaga

Dans l'Air, il y a des endroits que les voyageurs évitent, de jour comme de nuit, à cause de leur sinistre renommée ; la vallée d'Abaghaga est au nombre de ceux-là.

C'est un lieu désert qui fut jadis habité, comme en témoignent de vieux cimetières à flanc de montagne, ainsi que des dessins et des écritures gravés un peu partout sur les rochers.   

Un jour, sept jeunes gens assistaient à une fête qui se déroulait loin de leur campement. lis étaient renommés pour leur courage et les histoires de vieilles femmes ne les impressionnaient pas ; ils avaient les chameaux les plus rapides et les mieux entraînés, et gagnaient toutes les courses et les fantasias.    
La fête avait commencé l'après-midi ; les femmes chantaient, de leurs voix envoûtantes ; elles    n'avaient d'yeux que pour ces garçons ; le soir, il y eut un grand tende au cours duquel ils paradèrent sur leurs chameaux.    
Vers deux heures du matin, les participants, épuisés et heureux décidèrent de rentrer chez eux.  

Les sept inséparables en firent de même et s'enfoncèrent sans peur dans la nuit, accompagnés par les you-you des jeunes filles émerveillées. Au matin, ils n'étaient toujours pas arrivés à leur campement. A midi, les hommes de leur entourage décidèrent d'aller aux nouvelles, tant ils craignaient une rixe avec un autre groupe, jaloux de leur succès. 

On rassembla les chameaux ; les recherches s'organisèrent, et la distance entre les deux campement fut rapidement couverte. On suivit leurs traces, jusqu'a l'endroit où elles s'engageaient sur le chemin qui mène à Abaghaga.    

Plus loin sur la piste, face a la montagne, les empreintes disparaissaient; sur le sol, il n'y avait plus rien, ni à droite, ni à gauche, mais dans le sable il y avait sept flaques de sang.    
On fit des recherches partout, dans les tribus voisines de la région, et même dans des pays lointains mais on ne retrouva jamais trace, ni des garçons. ni de leurs chameaux.    
lis avaient été victimes des djinns d'Abaghaga. La vallée morte ou personne ne passe. 

Source  «Contes et légendes touaregs du Niger»

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