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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps

Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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30 janvier 2018

Témoin engagé de la vie nomade : Souleymane Ag Anara,

Ce photographe et réalisateur 

qui capte la souffrance du peuple Touareg

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«Les musiciens du Sahel» : Expo photos

A l'occasion de l'exposition photographique de Souleymane Ag Anara à la médiathèque musicale de Paris, rencontre avec ce photographe et réalisateur.

Tout a commencé en juin 2017, en découvrant par hasard la page facebook d’un dénommé Souleymane Ag Anara : on y voit de magnifiques photos de Touaregs, leur  vie dans le désert et beaucoup de musiciens. 

S’en suit une « demande d’ami » comme cela se fait sur le réseau social, un amical message de sa part, et très vite une proposition venue du fin fond du Sahel :

«J'aimerais bien faire une exposition de mes photos.»

Comment refuser ?

Souleymane est un touareg qui vit entre le Mali et le Niger et c’est donc à distance que nous avons préparé cette exposition à laquelle nous vous invitons tout au long du mois de février à la Médiathèque musicale de Paris.

Il est aussi le réalisateur d’un film qui est sur le point de sortir au Niger et qui cherche encore des salles pour le projeter sur le continent européen : «Les Enfants du Sahara».

Cette exposition photo sera accompagnée par une sélection de pochettes vinyles issue des collections de la Médiathèque musicale de Paris.

Retrouvez ci-dessous une interview réalisée entre Paris et Bamako et une playlist regroupant une bonne partie des musiciens évoqués et photographiés par Souleymane. 

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 ©Souleyman Ag Anara

 - Peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter comment tu es devenu photographe ?

Je m’appelle Souleymane Ag Anara, je suis né en 1993 à Gao au Mali. J’ai commencé ma carrière de photographe et journaliste reporter d’images en 2012, pendant l’occupation du nord du Mali. C’est là que j’ai pris conscience qu’il fallait que je continue dans cette voie.

Pendant le lycée je voulais devenir pilote d’avion, mais je n’ai pas eu la possibilité d’en faire mon métier. Depuis tout petit, j’ai aimé la photographie. A l’époque mon papa avait une agence de tourisme, du coup je voyais des blancs d’Europe  venir avec leurs appareils photos, me prendre en photo et me montrer ensuite le résultat. C’est ça qui m’a vraiment donné envie de devenir un jour photographe.

J’ai commencé en 2012 en travaillant pour l’agence Reuters et  plusieurs autres média. En 2013, j’ai eu des problèmes après les combats entre le MNLA et les islamistes. J’ai été obligé de partir de la zone. Je suis revenu plus tard à Kidal pour commencer une nouvelle carrière de photographe. Là, je me suis concentré sur le quotidien, la musique, la culture du peuple touareg et leurs problèmes : la souffrance, le manque d’eau, les problèmes sanitaires... Le quotidien : les baptêmes, les musiciens, les concerts… Ce sont des photos que je publiais sur mes comptes facebook, twitter, instagram etc…

J’ai ensuite quitté Kidal pour revenir à Gao, et j’ai commencé à tourner dans tout le Sahel, au Niger, en Algérie, au Mali, partout où sont les touaregs, dans les festivals… Je faisais des photos d’eux, des trucs en direct sur facebook. Ils étaient très contents, j’ai eu de plus en plus de remerciements, et ça m’a beaucoup motivé et donné le courage de continuer à faire ça.

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©Souleyman Ag Anara

- Peux-tu nous parler de ton rapport au peuple touareg ?

Moi je suis touareg, 100% touareg. Je suis né dans le désert comme tous les touaregs.

Aujourd’hui je ne m’intéresse pas uniquement aux touaregs de chez moi. Je vais les voir partout où ils sont pour témoigner de leur quotidien. Étant un touareg, je pense que je peux faire mieux qu’un occidental pour témoigner de notre culture. Quand je vois des reportages étrangers, des documentaires, il y a vraiment quelque chose qui manque, parce que ces gens ne connaissent pas les réalités du milieu, de chez moi.

Et moi je peux faire ça. J’ai accès aux gens. Je parle la même langue qu’eux. Ils connaissent mon travail et, surtout, je connais vraiment les angles importants à traiter. C’est vraiment ce qui me motive : un touareg est mieux placé qu’un Français ou Américain pour faire ce boulot. J’essaye d’expliquer ce qui se passe chez moi : les nomades souffrent du manque d’eau, de problèmes sanitaires, de manque de développement, de manque d’hôpitaux… Et malgré tous ces problèmes, ces gens-là restent attachés à leur Sahara et ne veulent pas le quitter.

Ma caméra, mes photos peuvent témoigner de cela, et amener des personnes de bonne volonté à leur venir en aide, à développer des puits, des écoles, des structures sanitaires pour s’occuper des malades ou des femmes qui accouchent dans le désert et qui perdent souvent la, pour s’occuper de nos vieux qui n’ont pas accès aux médicaments…

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©Souleyman Ag Anara

- Tu photographies beaucoup de musiciens, peux-tu nous parler de la musique touareg ?

Je connais bien la musique touareg, depuis longtemps, bien avant que je commence à photographier des artistes. Dans la culture touareg, la musique a une très grande importance. Elle permet à l’homme nomade de se divertir, de faire la fête, mais aussi de sentir bien avec ses animaux, avec ses amis autour d’un thé, autour d’un feu. J’essaye de faire la promotion de ces musiciens. Ils ont les mêmes objectifs que moi : ils racontent leur vie, leur situation. Ils parlent des mêmes problèmes que j’essaye de soulever avec mes photos et vidéos. J’essaye de transmettre leur message avec mes photos et aussi de faire leur promotion, qu’ils puissent être reconnus sur la scène internationale en tant qu’artistes nomades.

Ce que j’aime dans cette musique… ce sont les textes en fait, les chansons. Ça parle de problèmes que je vis. Les problèmes et une situation  qui existent depuis des années. Ca me donne des idées quand j’écoute des groupes comme Tinariwen, Imarhan, Tamikrest… Je capte les images, le message.  Je comprends ce qu’il se passe, ce qu’ils veulent dire… C’est par exemple en écoutant la chanson de Tinariwen « Hayati » que j’ai eu l’idée faire le film « Les Enfants du Sahara » La musique est vraiment un élément très important de la culture touareg. 

Bibliothèques dela Vile de Paris

 

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