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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps

Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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4 février 2019

Niger, au festival de l'Aïr, les Touaregs paradent

 

Musique, danse tendé, course de chameaux, poèmes sous les étoiles…

Toute la culture touarègue est là, à Iférouane, dans le nord du Niger.

festival_iféouane_2019_niger_touareg

Festival d’Iféouane 2019  

Le danseur frappe son pied sur le sol et un nuage de poussière orange s'élève autour de son corps. Il tourne sur lui-même, en faisant voler sa cape, puis pousse un cri et lève sa lance vers le ciel. Face à lui, deux batteurs et une douzaine de femmes qui chantent en tamachek, la langue touarègue. Elles sont venues d'Arlit, ville du nord du Niger, pour se présenter au concours de chant tendé du festival de l'Aïr. « On veut gagner ! On veut faire honneur à notre ville », s'exclament-elles, plus tard, installées devant leurs tentes en feuilles de palmier tressées. Ces femmes assistent régulièrement à ce festival. Pour sa quatorzième édition, l'événement a été placé sous le thème « tourisme et sécurité ». Depuis sa création, son objectif est de promouvoir la paix et la culture touarègue. « Au festival de l'Aïr, les gens viennent de partout, du Niger, mais aussi de l'Algérie et de la Libye pour se rencontrer », explique la chanteuse Raïssha Tiwaren. « C'est aussi un canal de transmission de nos cultures envers nos enfants », ajoute l'une de ses choristes. Justement, un jeune batteur professionnel est assis à leurs côtés. C'est son cousin qui lui a appris à jouer des percussions lorsqu'il était enfant. Pour lui, c'est la fierté qui fait la richesse de la culture touarègue. « Il y a des choses qui ne sont pas dignes d'être faites en tant que Touareg : manger en marchant par exemple, ou uriner en pleine rue. Il y a aussi des anciens parmi nous qui préfèrent qu'on leur coupe la tête plutôt qu'on leur ôte leur turban », explique-t-il.

Un festival à forte visée économique

Drapés dans des étoffes précieuses blanc et indigo, les festivaliers expriment tous leur désir de faire renaître le tourisme dans leur région. « À travers les photos et les images que les touristes prennent, la culture touarègue est connue à travers le monde », explique Raïssa. « Si les touristes viennent, ils constateront la paix et ils reviendront », ajoute Mohammed, le jeune batteur. Au nord du Niger, le désert du Ténéré attirait beaucoup de touristes jusqu'à ce que la deuxième rébellion touarègue éclate, en 2007. Trois ans plus tard, à la suite de la prise d'otages de sept employés des compagnies françaises Areva et Satom à Arlit, la diplomatie française a classé toute la région « zone rouge ». Depuis, les touristes qui s'aventurent dans cette partie du Sahara sont devenus rarissimes. Les Nigériens en ont subi les conséquences économiques, mais aussi culturelles. « On a peur que nos enfants grandissent sans connaître le travail de forgeron », explique Ahmed Ada, un artisan venu de Timia pour vendre quelques souvenirs. Sur un tissu blanc, à même le sol, il présente des décorations de turban, des sacs touaregs en cuir multicolore, des bijoux anciens, des couteaux, des sculptures en forme d'animaux, des épices et des porte-clés rouges, jaunes et turquoises. « Tout ce que vous voyez là, ça fait longtemps qu'on l'a fabriqué. Maintenant, on a arrêté l'artisanat et on travaille avec le village. On fait de petites haches et de petits couteaux pour les jardiniers », explique-t-il. Cette année, Ahmed espère vendre pour 15 000 francs CFA (22 euros). Il y a plus d'étrangers que d'habitude au festival, une cinquantaine, mais ils ne dépensent pas beaucoup d'argent, juge l'artisan. Rassurer les étrangers également...

Dans la tribune officielle, trois députées françaises, Valérie Thomas, Michèle Peyron et Frédérique Dumas, observent, émerveillées, le carnaval de chameaux, de femmes aux visages peinturés, et de danseurs enturbannés qui défilent sous leurs yeux. Elles ont décidé de se rendre au festival à la suite du sommet G5 Interparlementaire Sahel et conseilleraient aux Français de visiter la région. « Il faut vraiment redonner confiance. Par le fait que nous sommes là, nous voulons contribuer par nos actions à ce que le tourisme revienne au Niger », explique Michèle Peyron. « Il y a une vraie volonté du gouvernement de faire en sorte que cette zone soit sécurisée. Il y a aussi une vraie volonté d'accompagner au développement du tourisme. Donc je pense qu'il faut qu'on sorte très vite de cet aspect sécuritaire », ajoute Valérie Thomas.

Tout comme la majorité des personnes qui se sont rendues au festival, les députées françaises sont venues en convoi, escortées par la gendarmerie ou la garde nationale. Le site de l'événement est hautement surveillé. Omar Hama, membre du comité communication du festival de l'Aïr, estime que 500 éléments des forces de sécurité ont été mobilisés pour encadrer les quelque 1 200 participants. « Je me suis sentie en sécurité. Maintenant, c'est toujours les deux côtés d'une pièce : beaucoup de présence militaire, ce n'est pas tellement rassurant et en même temps c'est censé être rassurant », estime Julie, une touriste belge.

... malgré un contexte sécuritaire encore incertain

Malgré le dispositif sécuritaire, une délégation en route pour le festival a été attaquée par des bandits. Les valises et les téléphones portables de onze personnes ont été volés. Plus tard, l'armée a récupéré une grande partie de ces biens. « Je voudrais dire à cette jeunesse, à ceux qui s'adonnent à ce métier de coupeur de route, qu'ils font honte au Niger, honte à leur région, honte à leur communauté. Il faut que cela cesse », a réagi le Premier ministre. Ces braquages constituent la plus grande source d'insécurité dans la région. Le 19 février, un officier et un sous-officier nigériens ont été tués dans une embuscade. Les assaillants étaient à bord de douze véhicules aux couleurs de l'armée tchadienne et transportaient de la drogue. Il peut s'agir de trafiquants, de déserteurs de l'armée tchadienne, de soldats zagawa ou de rebelles tchadiens. Pour l'instant, peu d'informations ont été divulguées. Le défi de faire revenir le tourisme au Niger est parti pour être difficile à relever. Mais les richesses dont regorge la région sont indénombrables. Et les étrangers qui s'aventurent jusque dans le Ténéré oublient rapidement leurs premières appréhensions, pour se laisser envoûter par le désert, les montagnes de pierres, les étoiles et l'hospitalité des Nigériens.

Source : Le Point

 

 

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