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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps

Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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13 juillet 2020

Niger : Chahamata et les artistes peintres

 

Mobilisés contre le coronavirus

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Youssouf est l’un des 4 000 élèves de l’école CES Mai Manga Oumara à Agadez ©OIM / Monica Chiriac

Le street art à l'œuvre au Nord-Niger

Article publié par  OIM - ONU Migration

Bien que le Niger ne soit pas mondialement connu pour ses artistes graffeurs, les entreprises locales dépendent fortement de leurs peintres communautaires pour aider à la décoration de leurs magasins. Chahamata, un artiste basé à Agadez, prête par exemple ses compétences aux restaurants locaux de sa ville depuis des années, tandis que Omar, un peintre originaire d’Arlit, est souvent vu en train d’embellir les magasins du quartier.

Depuis des années, les bureaux de l’OIM en Afrique de l’Ouest et du Centre utilisent le street art comme une activité de sensibilisation clé basée sur une « conception centrée sur l’humain » pour s’adresser à ses publics cibles : les migrants et les membres des communautés. En 2019, l’OIM en Afrique de l’Ouest et du Centre a lancé une initiative d’art de rue avec son partenaire Street Art Sans Frontière, à laquelle ont participé plus de 1 000 personnes au Niger seulement.

Cette année, dans le contexte de la pandémie COVID-19, l’OIM poursuit l’initiative au Sénégal, au Ghana et au Niger avec l’objectif d’améliorer les relations entre les migrants et les communautés d’accueil, tout en stimulant le débat sur la manière de réduire la propagation de la désinformation et de la xénophobie, deux sujets particulièrement sensibles durant la COVID-19.

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 Chahamata a travaillé pendant deux jours consécutifs pour terminer la peinture murale. Photo: OIM / Monica Chiriac

D’après les groupes de discussion organisés par les mobilisateurs communautaires de l’OIM dans les quartiers ciblés, les arts de la rue ont permis aux participants d’entrer en contact avec des personnes qu’ils n’auraient peut-être jamais eu la chance de rencontrer autrement.

Ces activités au Niger ont été organisées dans le cadre de The PlayWall, une initiative basée à Dakar et composée d’artistes des arts de la rue, réunis cette année sous le slogan « Xibaaru Mbedd » (Wolof pour « Les nouvelles de la rue ») décrivant les réalités d’un confinement pandémique, traduit en “Irma Fondey Sambou” en zarma et “Mou Daoutchi Hangna” en hausa, deux langues utilisées au Niger.

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 « Protégez-vous contre COVID-19 ! » est maintenant affiché sur un mur de l’école CES d’Agadez. Photo: OIM / Monica Chiriac

Sous la direction d’Eric, un peintre nigérien de renom, deux artistes togolais vivant à Niamey qui avaient reçu une formation sur les arts de la rue lors de l’édition 2019, ont participé aux activités de ce mois pour mettre à l’épreuve ce qu’ils avaient appris en octobre dernier. Avec l’autorisation du bureau du maire de Niamey, une peinture murale a été réalisée à l’entrée de l’hôpital national, tandis qu’une seconde a été peinte sous l’un des échangeurs routiers les plus populaires de la capitale.

Une image vaut mille mots », explique Alkassoum Halilou, le directeur de l’école CES Mai Manga Oumara à Agadez. Halilou est le directeur de l’école depuis trois ans, et est extrêmement heureux que son école ait été choisie pour l’activité d’art de rue sur la COVID-19.

Après des discussions avec Chanamata, les autorités locales et les membres de la communauté, l’équipe a choisi un homme touareg traditionnel portant un turban avec le message « Protégez-vous contre COVID-19 écrit en Hausa. « Les retours ont été très positifs jusqu’à présent. Plusieurs personnes m’ont approché pour demander un travail similaire pour leur quartier et le directeur veut maintenant que toute l’école soit peinte ! » Chahamata rit.

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Le mur de l’hôpital national de Niamey rend hommage aux agents de santé.©OIM / Daniel Kisito Kouawo

« Ici à Agadez, le turban représente notre identité culturelle », déclare le directeur de l’école. « Tout a commencé avec nos ancêtres qui l’ont porté à cause de l’environnement venteux et poussiéreux dans lequel nous vivons. Les gens devraient réfléchir à deux fois avant de se plaindre de ne pas avoir de masque parce que nous possédons tous des turbans. »

L’école accueille plus de 4 000 élèves âgés de 14 à 21 ans, qui prennent maintenant fièrement des selfies avec la nouvelle peinture murale décorant leur école. L’un d’eux est Youssouf, un étudiant de 17 ans qui admet que la photo ira directement sur sa page Facebook.

Je pense que cela représente parfaitement notre communauté. Nos parents et nos enseignants parlent régulièrement des mesures de prévention du COVID-19, mais je ne pense pas qu’elles soient assez respectées. C’est en fait nous qui rappelons souvent aux adultes qu’ils doivent se protéger », ajoute Youssouf.

de la poignée...

De la poignée de main au coup de coude.©Photo: OIM / Monica Chiriac

Mayaki Sanoussi, chef du Conseil des jeunes d’Arlit, semble d’accord. « Les messages diffusés à travers des images peuvent générer des conversations sur des sujets importants tels que la COVID-19 et peuvent avoir un impact puissant sur nos jeunes. Ce sont eux qui les publieront sur les réseaux sociaux et poursuivront la discussion. »

Mayaki avait déjà vu les activités d’art urbain organisées par l’OIM au Sénégal cette année sur les réseaux sociaux et se demandait comment un tel projet pourrait être mis en œuvre dans le nord du Niger. À Arlit, conformément à la décision des autorités et des dirigeants communautaires, les portes du Conseil des jeunes ont pris le devant de la scène.

Décidant de mettre fin temporairement à la poignée de main traditionnelle comme moyen d’accueillir les gens au sein de la communauté, le Conseil des jeunes et les autorités locales ont proposé une alternative : le coup de coude, un salut déjà reconnu internationalement en pleine pandémie.

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Les portes de la maison des jeunes à Arlit arborent désormais le célèbre coup de coude. Photo: OIM / Monica Chiriac

« Serrer la main est profondément ancré dans notre culture », explique le maire d’Arlit, Abdourahmane Dalahine. « Nous savons que changer la mentalité de ceux qui nous entourent est difficile, mais nous pensons que rien n’est impossible. Cette initiative a suscité beaucoup d’enthousiasme au sein de notre communauté et nous espérons que ce n’est qu’un début. »

Au bar MJC d’Arlit, plusieurs messages tels que « Vive buvette ! » et « Buvette, je t’aime ! » ont inspiré les maquettes d’Omar qui lisent « Vive bavette ! » et « Bavette, j’adore ! »(« bavette » est le mot utilisé au Niger pour parler du masque facial).

Son dessin est désormais affiché à plusieurs endroits dans la ville, notamment dans des bars, des ghettos, les bureaux de l’OIM et les centres de transit. « Et ils disent que nous n’avons pas de graffeurs ! » Omar plaisante.

Le bar MJC d’Arlit fait un clin d’œil au populaire « Vive buvette ! » avec « Vive bavette ! ». Photo: OIM / Monica Chiriac

Le bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à Dakar met en œuvre diverses activités de sensibilisation dans la région avec le soutien de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la Protection et la Réintégration des migrants par le biais du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union Européenne pour l’Afrique, qui vise à accroître la cohésion sociale entre les migrants en transit, les migrants de retour et les membres des communautés.

 

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