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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
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Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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15 juillet 2020

Adieu Maman ABOU !

 

Ibrahim Manzo DIALLO

mamane_abou_journaliste_niger

Hommage 

Depuis hier soir, mon esprit est assailli par les tourments de ton absence,

Depuis qu'un laconique appel m'a annoncé ton départ, mon coeur est flamme, ma raison est braise, mon moral est au plus bas.

C'est dur ! Dur de te savoir parti à jamais Maman !

Notre créateur t'a rappelé à lui par un chemin que nous emprunterons tous tôt ou tard. C'est vrai ! Mais, Oh ! Que c'est dur ! Difficile.

Maman, je sais que là où tu es, tu as beaucoup plus besoin de nos prières que de nos larmes. Mais je ne sais plus contenir les miennes. Elles se rebellent. Ne me laissant sur les joues que leur goût salé.

Je te pleure Maman car tu fus un deuxième père pour moi ! Une boussole. Un modèle.

Il y a dix-huit ans, tout jeune, la tête pleine de rêves audacieux, je venais vers toi avec une disquette.

Dedans, des textes écrits d'abord à la main par l'enseignant que j'étais puis saisis par un agent dans un centre informatique sis à Agadez.

Je me rappelle encore de ta réaction devant mon projet : celui d'éditer un journal régional à Agadez.

Tu disais ceci : « Quoi ? Mais, comment penses-tu faire prospérer un journal en région alors que c'est difficile même à Niamey ? As-tu une idée du coût d'impression au moins ? ».

Déterminé, je t'avais répondu : « Oui ! J'ai économisé dans mes pécules d'enseignant ! »

«Montre, je vois ! ».

Joignant l'acte à la parole, je t'ai montré la somme que j'avais sur moi ! .

Après m'avoir longuement regardé, tu avais lâché : « Ok, ne paie rien ! Je te l'offre mais c'est pour la dernière fois ! ».

C'était le 9 août 2002. Le premier numéro de Aïr Info venait ainsi de voir le jour. Une entreprise qui emploie aujourd'hui plusieurs personnes.

Tenant dans tes mains ce premier numéro, tu m'avais donné des inoubliables conseils.

« Ibrahima ! En éditant ce journal, tu as fait un choix. Mais pour réussir dans ce domaine, il faut te former d'abord. Tu es encore jeune, il faut aller étudier. Le journalisme est un métier qui requiert de la rigueur et des connaissances. C'est un métier plein de risques et qui ne fera pas de toi un millionnaire. Sois juste honnête dans tes écrits. Range toi du côté de la vérité et des pauvres et dans chacune des phrases de ton article, mets-y ton honneur ! Ne sois pas un corrompu. L'appât du gain facile a toujours été le bûcher des belles initiatives ! ».

Dix-huit ans après, ces phrases résonnent toujours en moi.

Telles des lanières de feu, elles me galvanisent devant l'adversité, me consument, me paralysent devant l'instinct incisif de la tentation qui jalonne les allées de notre métier.

Oui, Maman, tu as été pour moi et ce jusqu'à ton dernier souffle un dais doré dans le nu de cette vie où ne brillent que les faux-éclats et où ne bruissent que des fausses sirènes.

Tu m'as aidé à me réaliser. Tu m'as appris à fuir les éloges. Tu m'as appris à être moi-même tout simplement.

L'admiration que j'ai toujours eu pour ta personne a forgé la mienne. Et pour garder vivace cette admiration, je te fais la promesse de toujours fuir les miasmes des marécages jonchés des nasses de l'indignité.

Oui, Maman ! Ces phrases, tes phrases, hymne à la décence morale, je les répetais à mes enfants et le ferai ma vie durant.

En ce moment de grande affliction, mes pensées vont à tes enfants Michael, Adjako et Ataga. A toute la famille ABOU Tarka et à ton personnel de la Nouvelle Imprimerie du Niger, du journal Le Républicain, des hôtels Tarka et Guest House.

Va en paix Maman et Infiniment MERCI pour tout ce que tu as fait pour moi.

Puisse Dieu t'ouvrir les portes de son paradis. Amen !

Ton neveu et confrère

 

Ibrahim Manzo DIALLO

 

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