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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps

Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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30 mars 2009

Vivre à Tchirozérine (Niger)

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Mahamane Souleymane Cisse dit «Le Che»

Tchirozérine, années 70-80

«En 1979, j’ai quitté le Mali pour aller rejoindre mon père à Agadez, le dernier poste qu’il occupa jusqu’à la retraite. Là, mon retour chez mes parents ne fut qu’une courte halte, car je devais aller encore plus loin, à soixante douze kilomètres dans la vallée de l’Aïr pour poursuivre ma scolarité. Tchirozérine, car tel est le nom cette localité située dans une oasis montagneuse où ne pousse que «l’herbe à chameau», des épineux, quelques palmiers dattiers et des rôniers. La route qui y mène était à l’époque impraticable. Inscrit à l’école catholique, j’ai connu la vie à l’internat avec des enfants qui, comme moi, n’avaient d’autres choix que d’être là, dans cet univers déshérité. L’éducation était rude. Il n’y avait pas d’électricité car c’était bien avant l’exploitation du charbon découvert dans la zone de Anou Ararène. Il fallait apprendre les leçons chaque jour avant la nuit. A base de sorgho rouge, l’alimentation n’était pas variée. Elle était la même pour tous pendant toute l’année académique. Provenant de l’aide américaine, ces sacs de céréales dont l’école nous nourrissait portaient un Logo (poignées de mains, symbole de l’USAID) qui rappelle les tristes séances de distribution de vivres aux éprouvés de la sécheresse et de la famine. Malgré la qualité dérisoire de l’alimentation dans cette école, elle était au moins assurée régulièrement. Ce qui n’était pas évident pour la population disséminée dans les campements et les vallées alentours. Ici et là, la vie obéit à l’obstination d’un climat ingrat, impitoyable... Et pourtant, elle n’empêchait pas les hommes et les femmes de partager les rares et maigres ressources, de sympathiser et de se réjouir par moment dans cette misère ambiante. Certaines nuits, l’écho du Tambour touareg, le Tindey, transporté à travers la vallée, nous parvenait. Il n’y avait qu’un dispensaire ouvert par la mission catholique dans cette région où les piqûres de scorpions de sable étaient fréquentes et fatales.»

Mahamane Souleymane Cisié

Mano Dayak 

«Je suis né avec du sable dans les yeux»

«Dans le désert, la vie est tellement fragile qu'il faut accepter comme une fatalité le décès d'un être humain, la maladie que l'on ne peut soigner, l'accident de chameau qui tue, le puits à sec qui  desséchera les corps dans le supplice de la soif.

Ce fatalisme n'est ni un manque de sensibilité ni une résignation, mais il permet de supporter les drames dignement quand on ne peut rien faire pour les éviter.

On doit vivre sa souffrance en silence, la tête haute.

J'ai vécu nu jusqu'à l'âge de six ans. Dans l'Aïr, les températures basculent de moins cinq à vingt-cinq degrés en janvier et de trente-cinq à quarante-huit degrés au mois de juin. Hiver comme été, les enfants doivent accepter ces morsures du froid et de la chaleur. Ils ne doivent pas se plaindre. Se plaindre est interdit. Dans ce désert où tout est rare, où la vie est rude, se plaindre est une faiblesse qui déshonore les hommes. Pour échapper au soleil, nous nous abritons à l'ombre de nos tentes. La nuit, nous nous blottissons près des feux allumés au centre du campement.

Un soir, dans son sommeil, un enfant a roulé dans les braises. Il s'appelait... L'usage interdit de révéler son nom. On ne prononce pas le nom d'un mort.»

Mano Dayak

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