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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
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Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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26 octobre 2020

Le Mouloud ou Gani

Une tradition religieuse de longue date à Agadez

agadez_gani

L’islam est arrivé, soulignons-le dans l’Aïr vers les années 666 de l’an musulman.

Cheikh Fijaji Imam Ahar, érudit et président de l’observatoire religieux d’Agadez : «C'est une tradition religieuse de longue date le Mouloud, c’est le saint Zakaria, constructeur de la grande mosquée d’Agadez Emiskini qui a amené cette culture religieuse à Agadez, et c’est pour cette raison que la grande cérémonie est célébrée au quartier Amdit où se trouve présentement sa demeure et sa mosquée appelée Tandé» dit il avant de préciser :  « Les manifestations du Mouloud débutent le 24 du mois musulman de Safar qui correspond à l’Hégire.  A la fin de ce mois, les fidèles se retrouvent dans une des plus anciennes écoles coraniques de la ville d’Agadez, celle de Abadadi pour la lecture du Saint Coran et des prières. Du 1er du mois suivant et durant dix jours, les fidèles se réunissent sur différents sites, pour des éloges dédiés au Prophète (Saw). La grande cérémonie du Mouloud ou Gani est prévue le 7ème jour de la naissance du Prophète Mohamed. C’est le jour du baptême à la mosquée Amdit dite Tandé

La tâche importante revient aux femmes descendantes des anciens serviteurs du Saint Zakaria. Hadjia Tabacho explique : «Elles balaient le quartier et les alentours de la mosquée Amdit la veille,. Ces femmes de Tandakaina - du nom d’une place du quartier qui tire son origine d’une expression songhaï - recherchent les graviers qui seront versés dans la mosquée où sera lu le Coran et les prières faites. Au moment où les fidèles lisent le Coran, dans la demeure du saint Zakaria collée à la mosquée, quelques femmes de Tandakaina s’occupent des braises qui servent à brûler l’encens, minutieusement préparé, qui  embaume la mosquée. Tout au long de la cérémonie, les femmes de Tandakaina s’attachent des cordelettes d’étoffe couleur blanche : cela s’appelle Achari. A  travers ce geste, elles rappellent et pleurent la disparition du saint Zakaria» confie cette gardienne des traditions religieuses d’Agadez.

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Les forgerons organisent une cérémonie parallèle : le Gani

Parallèlement, le même jour, les forgerons de leur côté tiennent une grande manifestation pour fêter cette naissance.

M. Ekawel, l’un des meneurs attitrés du Gani explique au journal La Nation :  « C’est dans l’après-midi que le coup d’envoi est donné au Sultanat par son Altesse le sultan de l'Aïr. Les forgerons viennent ainsi chez le chef des imams qu’est le Sultan pour avoir sa baraka : cette cérémonie est appelée Gani et c’est par une démonstration guerrière - où un jeune jette une lance qu’un second arrête avec son bouclier- que le feu vert est donné par le Sultan» dit il avant de souligner : «Ce geste devant l’amenokal rappelle le temps de l’expansion de l’islam par les touaregs : un peu partout en Afrique, la nuit, hommes et femmes autour de leur chef se donnent rendez-vous à la place qui abrite le Gani et contrairement aux religieux, les forgerons chantent les éloges du prophète Mohamed (Saw en Tamasheq) jusqu’à l’aube. Les voix accompagnées des tambourins suivent les étapes d’un rapprochement entrecoupé de joutes oratoires et des chœurs qui finiront par fusionner à l’aube» nous dit ce maître de cérémonie.

Au centre de la scène, les femmes se tenant par les épaules, forment un cercle étroit et solidaire. Elles émettent des mugissements venus des tréfonds de leur poitrine. La vieille Kolia confie : «C’est un moment unique chez nous ! Il symbolise la foi et l’amour de l’islam mais aussi de notre culture propre : les forgerons occupent une place importante dans l’organisation du Mouloud ou Gani à Agadez. Vous voyez bien comment les gens respectent cette tradition religieuse ancestrale. De la même manière que nous le célébrons en ville, le Mouloud l’est dans tout l’Aïr».

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Le Mouloud ou le sacre du partage :  une fête qui unifie

Dans la mosquée Tande pour le 7ème jour de la naissance du Prophète Mohamed, jour du baptême, parmi les fidèles se retrouvent de nos jours les autorités administratives. Cette cérémonie religieuse s’achève vers 14 heures par une Fatiha et un sacrifice de plusieurs moutons offerts par son Altesse le Sultan de l’Aïr. Un notable du Sultan explique : «Ce geste symbolise le baptême du prophète, et le sang versé est considéré comme sacré et beaucoup n’hésitent pas à s’en mettre quelques gouttes sur la figure pour obtenir la bénédiction divine. De même que l’encens qui a servi de fumigation du haut lieu du culte du Mouloud, aux femmes descendantes de ces anciens serviteurs du saint Zakaria revenaient la peau et un quartier de viande du mouton égorgé par le Sultan. Les trois autres quartiers sont destinés au Sultan, au Madaha (chef des marabouts) et au chef des musiciens» dit-il avant d’ajouter : «Le soir, la fête reprend autour de la demeure du saint Zakaria avec l’Algaïta et la musique de la cour du Sultan. L’Amenokal de l’Aïr ou son représentant se déplace sur le lieu pour remercier les femmes de Tandakaina et recevoir les honneurs des bouchers aux pas de danses de la musique de la cour du Sultan».

Notons que pour boucler le Mouloud à Agadez, le lendemain, aux braves femmes gardiennes des traditions anciennes, revenaient de transporter dans trois vases le gravier sur lequel se sont assis les marabouts lors des lectures pieuses. Elles en déposent deux chez son Altesse le sultan de l’Aïr et un chez le chef des bouchers qui sont chargés de les récompenser. Ainsi s’achève le Mouloud ou GaniI dans la foi et une grande ferveur à Agadez, une ville riche en traditions religieuses et culturelles.

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