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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
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Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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11 juillet 2018

Entre Bretagne et Niger,

 

Serendou 

musicien_niger

Des vents dans les chemins de terre et de sable

Une tentative d’espionnage dans un stage, un concert de Bretons dans un festival africain qui a failli passer au karcher… les débuts de l’histoire de SERENDOU pourraient laisser penser que ce projet de musique métissée avait tout d’une gageure. Mais c’est pourtant bel et bien une histoire de complicité, d’écoute mutuelle, de partage, d’amour entre deux flûtes qui est à l’origine de cette aventure musicale rodée depuis maintenant treize ans.

La flûte traversière de Jean-Luc THOMAS, musicien-voyageur trégorrois co-fondateur du label Hirustica, et les flûtes peuhl de Yacouba MOUMOUNI, fondateur du groupe Mamar Kassey, ont fait danser leurs souffles sur les sentiers buissonniers qui relient la Bretagne au Niger, secondés par la calebasse puissante et claquante de Boubacar Souleymane. L’alchimie à l’œuvre dans SERENDOU est de celle qui métamorphose les chemins de terre en chemins de sable, les rochers en dunes, les hanter-dro en danse de possession…

Des vents qui brouillent les pistes, des rythmes malléables et modulables, des boucles informatisées, des images qui engendrent des notes, des mélodies qui donnent des visions, des complices récupérés sur la route le temps d’une étape ou deux, SERENDOU a tout du miracle hérétique provoqué par une forte entente humaine.

Seulement deux albums ont servi de marqueurs sur la route de SERENDOU : Avel an Douar en 2011, et Zinder en 2017, tous deux parus sur Hirustica, le label breton à l’écoute des sons et des cultures d’ailleurs. À l’occasion des dix ans de ce dernier, SERENDOU est venu souffler les bougies au Studio de l’Ermitage, à Paris. RYTHMES CROISES en a profité pour se faire conter l’histoire de SERENDOU et s’initier à ses arcanes musicales.

Entretien avec SERENDOU

- Comment a commencé SERENDOU ?

- Jean-Luc THOMAS : Ça a commencé il y a treize ans, en Bretagne, à Langonnet, avec un atelier, un stage, qu’animait Yacouba MOUMOUNI. À cette époque, son groupe MAMAR KASSEY était en tournée, et ma compagne de l’époque travaillait dans le lieu où ça se passait. Elle connaissait mon intérêt pour tous les types de flûtes, et elle m’a dit qu’il y avait là un flûtiste qu’il pourrait m’intéresser d’écouter, au moins ! Je suis donc allé à cet atelier animé par Yacouba. Je ne sais pas combien de temps ça a duré… Deux heures ? Trois heures ? En tout cas, on m’a chassé de l’atelier… Hein, Yacouba ?

- Yacouba MOUMOUNI : Oui. Pour moi, c’était un espion ! (rires) On a commencé le matin, il voulait tout savoir. Et le soir, je l’ai viré et je lui ai dit : « Tu n’a pas besoin de faire ça. » Plus tard j’ai joué dans un groupe, et il y avait un musicien, qui joue le baryton, qui n’était pas disponible ; il a été remplacé par Jean-Luc. On a fait une improvisation ensemble, et à partir de là nos flûtes sont tombées amoureuses.

Couleurs d’Afrique

- JLT : Parallèlement, je suis parti au Mali avec un trio, KEJ, qui comprend deux musiciens de jazz, un contrebassiste et un guitariste, et on a fait un disque suite à ce voyage qui s’appelle Namou. Ce disque a atterri sur le bureau du directeur du festival Africolor, Philip CONRATH. Il m’a appelé et m’a demandé si cette musique était jouable sur scène. Il y avait sur le disque pas mal de prises de sons extérieures, des bruits d’enfants, de voitures, des poules, plein de sons qu’on avait pris à droite, à gauche… Je lui ai répondu oui, et il m’a demandé si je voulais jouer à Africolor. Je lui ai alors dit non, parce qu’Africolor est un festival de musiques africaines pour les Africains, et qu’on n’allait pas jouer à quatre Bretons, ça n’aurait pas de sens.

On a cependant discuté sur la possibilité d’avoir des invités. Amadou DIALLO est un grand joueur de dousoun’goni de Bamako, on l’a invité tout de suite. Et j’ai dit que j’avais rencontré un musicien que je trouvais merveilleux, et qu’il s’était passé quelque chose entre nos deux flûtes, et que j’aimerais bien l’inviter. Quand j’ai prononcé le nom de Yacouba MOUMOUNI, Philip CONRATH m’a dit : « Hola, attention ! Ce n’est pas n’importe qui ! » Moi, je ne connaissais pas la notoriété de Yacouba.

C’était en 2004, et on a fini par jouer au festival, à Stains. Or, c’était un peu la guerre civile à ce moment-là ; un ministre de l’époque avait parlé de « karcher » et de choses comme ça… Et dans ce contexte-là, on a fait un très beau concert, ça s’est très bien passé et, à la fin, Philip CONRATH est venu nous voir et nous a dit : « Bravo pour ce concert, c’était très émouvant. Mais j’ai vu quelque chose avec vos flûtes, et j’aimerai voir plus. Alors réfléchissez à quelque chose pour l’année prochaine… »

Et là, on a convié Boubacar SOULEYMANE, et SERENDOU est né à ce moment-là, en décembre 2005.    Article intégral  en PDF    Serendou 

Propos recueillis par Stéphane Fougère / Photos : Sylvie Hamon & Stéphane Fougère

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