Les Touareg et Kadhafi
Libye, une situation fort délicate
Rhissa Rhossey
MES FRÈRES, ATTENTION
Concernant mes positions elles sont claires : par rapport aux dictateurs, je ne peux me renier.
A propos de nos frères qui vont à la rescousse de Kadhafi, nous le disions déjà dans un précèdent article : après les dernières rébellions, beaucoup de jeunes se sont retrouvés sans repères, sans travail, le chômage et la misère étaient leur quotidien.
Nous lancions alors un cri d'alarme.
Canalisons cette jeunesse avant qu'elle ne s'enrôle dans toute aventure qui pointe son nez.
Hier, c'était AQMI qui était soupçonnée de les recruter.
Aujourd'hui Kadhafi fait appel ouvertement à cette jeunesse qu'il sait brave, combative à souhait une fois qu'on lui fait confiance.
MAIS MES FRÈRES, ATTENTION !!!
Prenons du recul …
Sur combien de terrains de combat Kadhafi nous a déjà entraînés ?
RAPPELS
Qui a fait la guerre du Tchad ? Du Liban ? Du Mali ? Et au Niger ? Ce sont toujours les Touareg qui paient malheureusement de leur sang.
Et de leur vie, leurs précieuses vies, les erreurs et les rêves du turbulent Colonel.
ENRÔLEMENT MASSIF DES JEUNES DANS LES RANGS DE L'ARMÉE LIBYENNE
Une chose est certaine : ni la Libye, ni Kadhafi ne laissent indifférents.
Soit on les adore soit on les déteste.
Le Peuple Touareg a très tôt adulé Kadhafi, à tort ou à raison.
Ce Peuple s'est vite assimilé à ce soi-disant libérateur dès le 1er septembre 1969.
Certains d'entre nous n'étaient pas encore nés.
Il a séduit, au sens premier du terme les nomades et les bédouins.
Jeune, beau, orgueilleux, hautain le menton toujours haut, ce fils des campements, des tentes, des feux de bois à la belle étoile, au milieu des dunes, ce port fier du chèche et ces déclarations fracassantes, ses retournements imprévisibles, ont fait de cet enfant des sables une icône pour les kel tamasheq.
De Tobrouk à Kidal, en passant par Ghat, Tam, Agadez.
En 1980, il ouvre grand les portes des casernes libyennes. Beaucoup y apprirent à manier les armes. C'est aussi le début d une histoire d'amour, de controverses entre les hommes bleus. et l'auteur du fameux livre vert, de la troisième voie : on s'aime, on se fâche, on se trahit et on recommence.
On se pardonne et on se trahit à nouveau.
Mais aujourd'hui, selon mon entendement, la question est ailleurs. Le Peuple tunisien a-t-il eu tort ou raison d'avoir renversé Ben Ali ?
La vérité est là : des bibliothèques entières, non pas de livres, mais d'argent ont été découvertes, après son départ alors que son peuple s'immole par le feu par excès de misère.
L'Égypte a-t-elle eu tort d'avoir chassé Moubarak ?
Ces changements sont une constante de l'Histoire.
Nul ne peut pas les stopper, tout au plus les ralentir mais pour combien de temps ?
Moubarak et Zine sont plus responsables que Kadhafi : quand ils ont compris que rester signifiait le chaos ils sont partis.
Kadhafi en choisissant de rester, fait preuve de barbarie envers les siens.
Qui tue par l'épée, périra par l'épée.
POURQUOI JE SUIS CONTRE CETTE GUERRE CIVILE
Des frères qui s'entre-tuent.
Les frères kel tamasheq ne devraient pas s'impliquer dans ce conflit.
La Communauté Internationale ne devrait pas laisser un dictateur massacrer les siens.
Mais un schéma à l'irakienne ne devrait pas être accepté en Libye, par aucun Africain, qui aime l'Afrique.
Ce schéma va créer le chaos : venir, s'installer, puiser le pétrole, et s'en aller comme ça.
Et par delà encore s'installer pour déstabiliser le continent entier.
Cela aucun Africain, aucun humaniste ne l'acceptera.
Rhissa Rhossey Tchirozérine, le 05/03/2011