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Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
Touareg du Niger, rencontres au fil du temps
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Arts et Culture nomades

Le Peuple touareg lutte pour préserver son identité et sa culture.

Poètes, musiciens, artistes touarag témoignent des combats de ce Peuple du désert, marginalisé et méconnu.

Au fil du temps...
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17 février 2012

Rébellion touarègue au Nord-Mali

Le devoir d’engagement

Mossa Ag Attaher

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Depuis le lancement des activités du mouvement  révolutionnaire de l’AZAWAD, j’ai été peu bavard hormis  des  actions menées  à  travers ma modeste participation aux débats et discussions sur le sujet. Cependant je pense que nul n’a plus besoin de faire une déclaration d’adhésion à l’engagement, il est naturel et spontané, car nous sommes tous concernés, c’est l’avenir de notre peuple qui s’écrit et chacun doit y mettre de sa plume…

Mon engagement est l’aboutissement d’une longue réflexion sur le positionnement de la jeunesse de l’Azawad, donc notre positionnement sur un problème qui nous interpelle chacun et tous.

Avons-nous seulement le choix ?

Je pense que non !

Si on prend la composition de la jeunesse de l’Azawad  aujourd’hui, elle se définie en deux groupes :

- Un groupe qui a eu la chance d’aller à l’école et qui aujourd’hui, a l’opportunité de s’exprimer ;

- Un groupe qui n’a pas emprunté le même chemin, et qui est restée au terroir.

Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que la responsabilité de l’engagement doit incomber plus à l’un qu’à l’autre des deux groupes. Dans l’histoire des différentes tragédies et combats de survie, qu’a traversé notre peuple, les deux composantes se sont  toujours mutuellement épaulées pour relever les défis de l’engagement.

Le moment est venu ou toutes les forces vives de l’Azawad doivent s’exprimer et devenir actrices de leur destin. Le spectacle ridicule ou  nous réagissons en toxicomanes en manque qui réclament l’aide de l'État malien est révolu. L’heure de l’avènement de la génération à la «dent dure»  a sonné pour emprunter la terminologie de l’écrivaine camerounaise Axelle Kabu.

Je veux parler de la génération qui n’a participé ni à l’heure de l’indépendance du Mali, ni aux différents régimes  qui l’ont dirigé pendant cinquante ans !

C’est seulement cette tranche du peuple de l’Azawad qui peut s’exprimer sans détour, sans calcul tacticien et sans peur de se faire rattraper par son passé.

A quoi j’invite alors les jeunes de ma génération ?

- Une analyse sans complaisance de la longue marche du peuple de l’Azawad à la recherche de l’acquisition de ses droits à la liberté, à la justice et au respect, principes même du fondement de toutes les sociétés humaines ;

- Une fois cette analyse faite, quelle contribution chacun de nous peut-il apporter à l’acquisition et la consolidation de ces droits ?

La première démarche de notre engagement consiste à  oser  pouvoir dire non tout simplement. Dire non aux systèmes, à tous les systèmes qui font de l’asservissement de l’humain face à un autre humain une valeur de société.

La Jeunesse de l’Azawad est invitée à briser les chaînes qui entravent son action. Elle est appelée à «résister, lutter, vaincre, agir et développer une vision, proposer un destin digne de l’immensité territoriale,  et du génie inventif de l’Azawad et à la vitesse de sa situation catastrophique». Cette vision c’est l’accession au «libre choix», un grandiose projet d’intelligence politique, d’analyse économique appropriée, de promotion culturelle  audacieuse, de détermination patriotique pour le bonheur de toutes les communautés qui vivent sur le territoire de l’Azawad.

Compte tenu du fait que le manque d’organisation et compréhension du problème  fragilise dangereusement l’efficacité de toute action , il y a lieu, dans ce monde de plus en plus organisé, de se mettre en réseaux et de préparer la jeunesse à la grande marche finale….

La génération à la  «dent dure» doit occuper une place de choix dans l’orientation et l’action de la révolution, donc de l’engagement.

Pour se faire, elle doit s’y préparer et s’y préparer dans les grandes largeurs. Ne chercher à plaire à personne, ni faire mal à personne, mais rester clair et net avec soi-même quant au  devoir de participation à une cause qui dépasse les clivages tribaux, d’intérêt précaires et égoïstes, de peur.

A ceux qui savent écrire, je dis, enfoncez la plume dans la plaie ! A ceux qui ne le savent pas, enfoncez l’engagement dans la plaie….

La peur ! Mal dont nous devons nous défaire à tous les niveaux. La peur de ne pas plaire, la peur de perdre ces éphémères privilèges que l'État Malien n’arrête de miroiter tel un mirage à la population Azawadis ou tel un antalgique octroyé à un malade en stade final ; il ne guérit pas, calme la douleur en attendant l’arrivée de la mort.

Ne nous y trompons pas : les petites solutions, tels les intégrations calculées à la fonction publique malienne, les promesses de promotions en grade pour nos officiers, les systèmes de quotas dans le recrutement au sein des corps militaires du Mali, le tout basé sur des principes de corruption, d’inégalité et d’injustice ne sauraient remplacer la spoliation du terroir, les discriminations et atrocités de tout genre vécues par notre peuple depuis plus de 50 ans !

L’époque des solutions circonstancielles est à son déclin et comme l’a dit Mao Tsé-toung : «Aux grands maux, les grands moyens».

Le temps est venu pour se défaire de tout complexe et s’engager. L’engagement dont je parle ne doit pas être compris seulement sous l’angle d’une révolution armée mais une révolution dans toute son expression. La révolution est une action noble, respectable et respectueuse de toutes les valeurs cardinales des sociétés éprises de justices sociale et d’équité.

L’adhésion au M.N.L.A ( Mouvement  National de Libération de l’Azawad ) doit désormais se faire à visage découvert comme l’ont fait si bravement Hama Ag Mahmoud et Moussa Ag Assarid. Et si l’Etat Malien a un minimum de respect  pour la mémoire des martyrs aussi bien celles du 26 mars que celles de l’Azawad, il doit immédiatement arrêter d’exercer toute interdiction, censure et contrôle sur un mouvement qui est  l’émanation volontaire et populaire de plusieurs milliers de personnes !

Tous les martyrs  sont  morts pour la même cause : permettre l’ouverture de toutes les libertés à commencer par les libertés d’expressions !

Si je parle du 26 mars (date de la révolution estudiantine au Mali et qui a fait chuter la dictature de Moussa Traoré) c’est parce que j’y ai largement participé  avec des milliers de mes camarades bambara, Sonray, peulhs et autre composantes de la vaillante société civile malienne. J’y ai perdu beaucoup de mes camarades et je ne me suis jamais demandé s’ils sont du Nord ou du Sud, ce sont des martyrs de la liberté et de la démocratie comme le sont les milliers de Kel-tamacheqs et Arabes tombés sous les balles de la dictature et de la barbarie d’un État insouciant et irresponsable.

C’est à l’ombre de cette liberté obtenue par le sang de nos martyrs, que se reposent les dirigeants maliens et signent les décrets de la mort de chacun de nous, dans un palais auquel ils sont parvenus en piétinant un à un les corps sans vie de nos martyrs.

Tuer un homme  n’est pas seulement lui ôter la vie, mais aussi lui ôter le droit à l’espoir, à la justice et à la liberté.

Le goût de la liberté et de la justice sociale est bon dans la bouche de tous les citoyens. C’est pourquoi je rappelle qu’autant en 1991 l’idéal de la liberté a été partagé par tous les maliens, autant celui de l’aspiration des populations de l’Azawad devrait avoir un écho favorable dans les oreilles de nos compagnons de lutte d’hier particulièrement les anciens animateurs du mouvement démocratique.

Le peuple malien est un peuple intelligent, riche de son histoire et son passé glorieux ne doit pas être laissé entre les mains de ceux qui font de l’oubli des uns, la vengeance des autres… un prétexte pour commettre  toutes sortes d’injustices.

Pourquoi autant de clandestinité pour nous exprimer ?

Mandela n’a-t-il pas dit : «Être libre ce n’est pas seulement se libérer de ses chaînes, mais  c’est vivre en respectant la liberté des autres…»

• Si telle  est la logique de l’État face aux aspirations de ceux qu’il prétend encore gouverner le constat amer suivant est à faire : l’État du Mali n’a jamais accepté l’avènement de la démocratie avec tout son corollaire de garanties de libertés !

Du coup tous les discours, de même que les différentes échéances électorales deviendraient de malheureux simulacres ridicules organisés plus pour faire plaisir aux dirigeants européens et occidentaux qu’à faire bénéficier le citoyen des garanties que lui confère la démocratie !

La jeunesse de l’Azawad doit enfin mettre la démocratie malienne à l’épreuve et le meilleur exercice est de savoir enfin jusqu’où l’État malien peut  continuer de fermer les yeux et les oreilles face à  un processus en marche qui a fini de souffler sur les pays arabes et s’apprête inexorablement et de manière sûre à s’installer sur le territoire de l’Azawad.

Aux cadres et jeunes intellectuels de l’Azawad, je dirai de prendre exemple de ce célèbre écrivain Aimé Césaire que j’ai bu au lycée :

«Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ; ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir…»

Oser lutter, c’est oser vaincre, la lutte ne fait que commencer.

Mossa Ag Attaher  08 Janvier 2012

Rhissa Rhossey

A propos de la rencontre d'Abuja qui traitera de la crise malienne entre autre :
Que ces bureaucrates cravatés, valets de la France, se souviennent d' une chose, de quelques paroles prononcées par un officier colonial le siècle dernier. Il disait en substance ceci par rapport au conflit qui l'opposait aux  habitants naturels du territoire qu'il voulait annexer, le Sahara : toute solution bâtarde, tout compromis, équivaudrait un jour ou l'autre à un recommencement.

Rhissa Rhossey

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