Niger : Le cinéma d’animation africain en deuil
Moustapha Alassane,
Légende du cinéma africain
Moustapha Alassane, cinéaste du possible
Moustapha Alassane est une légende vivante du cinéma africain. Sa vie et son travail nous ramènent aux prémices du cinéma. Depuis, Moustapha Alassane a exploré tous les genres : des spectacles de lanternes magiques, aux jeux d'ombres chinoises jusqu’à des films d’animation « low-budget » sur ordinateur. Son aventure artistique a toujours été animée par le désir d’expérimenter et de réinventer le cinéma sur le continent Africain. Son amitié avec Jean Rouch et Claude Jutra, au début des années 60, fut déterminante dans sa carrière : tandis que le cinéaste français lui apprenait les aspects techniques de la réalisation, le canadien l’envoyait étudier à Montréal, où il eut la chance de rencontrer Norman McLaren. En 1962, Moustapha Alassane réalisa Aouré, le premier film nigérien, et trois ans plus tard La Mort de Gandji, le premier film d’animation africain. Retracer l’aventure cinématographique de Moustapha Alassane est l’occasion de retrouver la mémoire d'une génération de réalisateurs et l'histoire d'un pays, le Niger, à l'âge d'or de son cinéma.
Moustapha Alassane, un ami, un père…
Le cinéma d’animation africain en deuil
(...) Moustapha était à la fois un ami et un parent. Je conserve le souvenir d’un homme si chaleureux et n’oubliera jamais les merveilleux moments passés en sa compagnie : ses éclats de rires, ses précieux conseils de vie, son humilité, sa modestie, ses tranches de vie passées aux côtés de Norman MacLaren et surtout son grand ami, Jean-Rouch, le griot africain dont la voix ponctue majestueusement la narration de ses deux films d’animation «La Mort de Ganji» 1966 et «Samba le Grand» 1977. Deux œuvres qui magnifient les hauts faits des personnages mythiques de l’épopée mandingue où on relève tout particulièrement le courage, la bravoure, la loyauté, la défense du faible et de l’opprimé.. Moustapha nous laisse une œuvre satirique sur le pouvoir dans «Bon voyage Sim» 1966. Des régimes assis sur le tralala médiatique et le faste dispendieux : bouquets, champagne, et bavardage entre compères au sommet. (...)
Une légende du cinéma nigérien tire sa révérence
« Pour moi, le cinéma peut et doit servir à modifier la mentalité de la masse. Chacun de mes films touche à la politique, ne serait-ce que parce qu'il suscite un intérêt auprès de la masse et est susceptible de lui faire prendre conscience de sa culture. Je pense que, pour le moment, le cinéma n'a pas suffisamment prouvé au monde que l'Afrique a une culture propre.Il doit pouvoir éveiller la conscience du spectateur sur des problèmes spécifiquement africains et guider l'Afrique dans une direction plus viable.»
Ces propos sont de Moustapha Alassane, cet homme, qui est un des premiers cinéastes d'Afrique et il a contribué à faire du Niger des années 70 un grand pays de cinéma, n’est plus !.
Moustapha Alassane est né en 1942 à N’Dounga au Niger, il était d’abord mécanicien, il apprend la technique cinématographique à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH) à Niamey au Niger dont Jean Rouch était le Directeur Scientifique et initiateur du pionnier. Il lui facilite sa formation et l’aide à partir au Canada là où il rencontre le célèbre Norman MacLaren qui lui enseigne le cinéma d'animation.
Précurseur du cinéma d’animation en Afrique
Il vivait à Tahoua depuis quelques années où il assurait la gestion de son hôtel. Incontestablement un cinéaste de renom qui a véritablement fait la fierté du Niger, est le premier à ouvrir la brèche dans la réalisation au Niger avec «’Aouré», un court métrage qui décrit une cérémonie nuptiale dans un village. En 1965, c’est encore lui le premier en Afrique à réaliser le premier dessin animé «La mort de Ganji».
Le centre National de la Cinématographie du Niger (C.N.C.N), envisageait déjà, avant son décès de lui dédier un Festival en 2017, qui sera dénommé Le Festival de Film d’Animation de l’Ader.
Moustapha Alassane Repose en Paix !