Méditations dans un Sahara confisqué
Rendez-nous notre désert !
Almoustapha Tambo
Méditations dans un Sahara confisqué *
Le Sahara, ses étendues infinies qui renferment l’histoire du monde est la pureté même. Nous aimons tous le Sahara. Là-bas nous pouvions savoir qui nous sommes réellement par rapport à la grandeur céleste. Nous revenions guéris de nos égos. Même si de temps en temps, il tue de soif, le Sahara remettait l’homme à sa place et cela était primordial. Aujourd’hui hélas le code a changé. Des forces étrangères et jusque-là inconnues en ont pris possession et ont confisqué, devant nos yeux, notre désert.
Recroquevillés sur nous-mêmes, nous nous débattons et parfois, courrons, crions dans tous les sens mais nos cris semblent ne pas se faire entendre.
Qui est derrière tout ça ? Rendez-nous notre désert !
*Acrylique sur toile de 80cm sur 60cm. Technique : Plusieurs couches de peinture entreposées et travaillées chacune Ensuite est posé du papier-serviette pour faire les silhouettes et à nouveau plusieurs couches.
taghlant aquarelle A. Tambo
Un cri de douleur au désert
Tifinagh
Pauvre enfant saharien / Refoulé sentimental / De la société pragmatique / Des temps modernes / Je n'ai que faire du mot « merci » / Merci de quoi et pourquoi ? / Ma culture est ma religion / Quant à toi, vieillard fanatique / D'une religion qui tue ta culture / Tu es déjà mort et tu l'ignores / Un homme t'a suivi des siècles durant / Profitant de tes conquêtes / Il construisait des cités sur tes traces / Pour s'assurer de ta mort et / Être ton héritier / Lui ton ennemi / Il te donne sa religion / Comme prison / C'est cette avant-dernière / Étape de ta chute / Qui mettre fin à / Ton orgueil, ton honneur et / Ta dignité … où quoi donc ?
Meurs grand-père / Tu l'es déjà dans ta culture / J'assisterai à ton enterrement / Mais pas pour pleurer / Ni réciter des versets / Étrangers à ma langue / Pour prouver aux survivants / La grandeur de ma culture / J'écrirai ton nom en tifinagh / Sur ta tombe / Ainsi tu te souviendras / Peut-être que ma / Grand-mère t'écrivait / Des lettres d'amour en
50 ans d'indépendance ... Almoustapha Tambo
Kedou ag Ossad
Compagnons, / Écoutez / et vous allez entendre. / Apprenez / ce qui est amer / et nous est arrivé./ Vous ne le soignerez pas / à moins de m’écouter. Une seule croyance, / un seul but, / l’organisation en une seule main. / La potence, une seule. / Vous y êtes suspendus / et vos frères y sont suspendus aussi / Seule l’unité la brisera. Âmes usées, / Tant de vauriens ! / Âmes usées, / Celui qui s’en soucie / n’a qu’à mener une lutte / comme celle de Kaocen / qui a combattu partout / où il y a des villes. Compagnons, / Que me dites-vous ? / Moi, mon cœur me brûle. /Je ne m’attarderai pas Dès à présent je partirai là où il se passe quelque chose de beau. / Feu-faille ! / Brûlé ! / Voila le mot de passe. / Nous allons nous soulever / et œuvrer pour notre pays / où nos tentes sont détruites. Quand je me suis levé / j’ai fait la grimace / et j’ai marché tout droit au-delà des tentes / qui m’ont effrayé. Je me suis mis en quête / de la connaissance. / Et quand j’aurais appris, / je m’en retournerai. / Le pays est déjà construit / puisque vous êtes partis / et avez dépassé la « région » / où vous êtes nés.
Poèmes extraits de Tourne-tête, le pays déchiqueté H. Claudot-Hawad