Niger : Le défi de l'éducation
Dans la littérature nigérienne
Ibrahim Issa : L'école des otages
La fréquentation scolaire était haïe et bien des parents s'enfuyaient au Nigéria tout proche avec leur progéniture. En ce qui me concernait, ce n'était donc pas étonnant qu'un jour un envoyé de l'Ardo peul se présentât à grand-père, muni d'une convocation en bonne et due forme des autorités administratives
Tout le village prit le deuil.
C'était une calamité, un affront, que mon père par son beau-fils interposé, portait à toute ma famille maternelle.
L'école des Blancs, point extrême de la mécréance !
Comment cet homme s'était-il livré à un tel sacrilège ?
Ibrahim Issa «Nous de la coloniale»
Mano Dayak : «Je suis né avec du sable dans les yeux»
Je suis pris dans la souricière. Rien ni quiconque ne pourra me délivrer. Même mon père n'a rien pu faire. Lui, pourtant si fier, est allé à Agadez supplier le commandant du cercle.
«Je suis vieux, lui a-t-il dit. Mano est le seul à pouvoir s'occuper de mon troupeau. C'est aujourd'hui que j'ai besoin de lui, pas quand je serai mort. Vous n'avez pas le droit de me l'enlever.»
Le commandant du cercle n'a rien voulu entendre.
Il y a longtemps que les Français n'ont plus peur des Touaregs ...
C'était comme si on m'emmenait à l'abattoir. Je pleurais et, à travers mes larmes, tout devenait confus : les tentes, les gens devant les tentes, tous ceux de ma famille paralysés d'effroi. Sans un mot, le garde m'a hissé sur son chameau. Je ne songeais même plus à me débattre. (...)
Tout au long de la piste, des femmes et des hommes sont venus assister à mon calvaire. Ils se sont déplacés pour me dire adieu.
«Matilan, matilan ! » murmurent-ils à mon passage.
Matilan, matilan ... Il faut bien accepter.
Les femmes pleurent. Je les entends crier : «Le pauvre, il est perdu !»
Ma sœur et mon frère soutiennent ma mère. Sans eux, elle tomberait.
«Pourquoi t-en prends-tu à Mano ? lancent-ils au goumier. Tu n'as donc pas d'honneur ?»
Ma mère sanglote. Elle aussi supplie : «C'est mon dernier enfant. Laisse-lui la vie sauve ! » Le goumier, honteux, tente de la rassurer : «Ton fils ne craint rien. Tu pourras le voir quand bon te semblera.»
Mohammed Ali Ag Ataher Insar : «La scolarisation moderne comme stratégie de résistance - Perséee»
PDF La_scolarisation_moderne_comme_strat_gie_de_r_sistance